Le cœur est un muscle qui fonctionne comme une pompe pour faire circuler le sang. Il comporte plusieurs cavités : les oreillettes (droite et gauche) et les ventricules (droit et gauche). Chaque battement cardiaque naît dans un « pacemaker naturel » que l’on appelle le nœud sinusal et qui est situé dans l’oreillette droite. Ce nœud sinusal donne une impulsion électrique au repos environ 70 fois par minute.
Parfois, c’est une impulsion anormale qui provient d’un autre endroit du cœur qui prend la commande électrique du cœur. Le muscle cardiaque pompe alors trop tôt et de manière moins efficace le sang vers les organes. Quand cette impulsion est unique, elle est complètement innocente. C’est ce que l‘on appelle une extrasystole. Certaines personnes les ressentent, d’autres non. Chez certains patients, l’activation électrique du cœur peut être tellement perturbée que cette extrasystole continue à circuler en boucle. Elle donne alors naissance à une tachycardie. Le cœur s’emballe et bat trop vite inutilement.
Si cette tachycardie apparaît dans les ventricules, on parle de tachycardie ventriculaire. Une tachycardie ventriculaire qui survient sur un cœur malade est toujours dangereuse car elle peut dégénérer en fibrillation ventriculaire. À ce moment, le désordre électrique est complet au niveau des ventricules, de sorte que l’activité de la pompe cardiaque s’arrête. C’est l’arrêt cardiaque.
Différents mécanismes peuvent aboutir à un arrêt cardiaque : la cause la plus fréquente est une tachycardie ventriculaire qui dégénère en fibrillation ventriculaire. C’est ce qui arrive chez les patients qui ont de larges séquelles d’anciens infarctus ou une défaillance du cœur d’une autre origine. Dans d’autres cas, la fibrillation peut survenir dans les premières heures ou les premières minutes d’un infarctus myocardique au stade aigu, au moment ou un caillot de sang vient de bloquer l’apport en sang oxygéné vers le muscle cardiaque. Enfin, la fibrillation ventriculaire peut parfois être liée à des désordres électriques particuliers du cœur ou divers toxiques. Dans certains cas, il y a une susceptibilité particulière aux arythmies à transmission héréditaire.
Quand l’arrêt cardiaque survient, le cerveau ne reçoit brutalement plus de sang oxygéné et on perd connaissance. Chaque minute perdue pour restaurer la circulation sanguine augmente de 10% le risque de lésion irréversible au cerveau ou de décès. Pour rétablir la circulation sanguine, les secouristes ou les témoins doivent pratiquer le plus rapidement possible le massage cardiaque, mais pour restaurer efficacement la commande électrique normale du cœur, il faut habituellement un choc électrique sur la poitrine qui est délivré par un défibrillateur cardiaque externe. Malheureusement, pour disposer d’un défibrillateur cardiaque externe, cela nécessite l’arrivée sur place du personnel qualifié qui peut prendre un certain temps. Depuis peu, des défibrillateurs cardiaques externes automatiques sont disponibles dans les lieux publics comme les gares, aéroports ou certains grands magasins, de façon à ce qu’une aide plus rapide soit disponible pour une victime de fibrillation ventriculaire. C’est bien la rapidité avec laquelle sera délivré le choc électrique qui sera déterminante. La seule protection vraiment efficace est donc que chaque personne à risque se promène en permanence avec son défibrillateur sur lui.
Qui est candidat à l’implantation d’un DAI ?
C’est dans cette optique que le défibrillateur automatique implantable (ou DAI) a été développé. Le DAI est un petit appareil qui est implanté dans le corps et qui est connecté au muscle cardiaque.
L’appareil surveille les battements cardiaques en permanence et est capable de détecter et arrêter les arythmies cardiaques potentiellement dangereuses. Il peut arrêter ces arythmies soit par l’émission d’impulsions énergétiques rapides à faible énergie, soit par un choc électrique à haute énergie.
Les premiers candidats à l’implantation de ce type d’appareil sont les patients qui ont survécu à un arrêt cardiaque et dont on sait (sauf dans le cas d’un arrêt cardiaque favorisé par une cause précise) qu’ils ont un risque de récidive de 15 à 20% par an. Certains patients ont eu des tachycardies ventriculaires sévères ou des syncopes graves très probablement dues à des arythmies ventriculaires qui se sont résolues spontanément. Ils sont aussi candidats à être protégés par un défibrillateur cardiaque. Enfin, depuis le 1er juillet 2007, on accepte en Belgique que les patients très à risque d’arrêt cardiaque puissent également être protégés par un DAI, avant même leurs premiers symptômes. En effet, plusieurs études ont démontré que les patients à haut risque de mort subite par arrêt cardiaque sont mieux protégés par un DAI que par les médicaments qui suppriment les arythmies cardiaques. Ces médicaments restent cependant utiles pour diminuer ou optimaliser les interventions du DAI.